Les disparus de Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde
Les registres de Saint-Georges, contiennent un cahier d’une vingtaine de pages dans lequel sont répertoriés les noms de ceux qui sont décédés au cours des années 1790 à 1800. Rédigé en avril 1803, l’an XI de la République, ce cahier a été établi selon les déclarations des parents des défunts.
Il se termine par la liste des habitants dont on était sans nouvelles à la date du 14 octobre 1793 : ni vivants ni morts, mais disparus, ils sont déclarés « absents du pays ».
Le quatorzieme jour de octobre 1793 sont absents du pays ceux qui suivent, on n’a aucune preuve de leur existence non plus que de leur mort. (22 vendemiaire an II)
S’ensuit alors une longue liste de noms : 60 personnes, 58 hommes et deux femmes, manquent à l’appel en ce jour du 14 octobre 1793.
Depuis plusieurs mois déjà le combat est engagé. De nombreux hommes ont quitté le village pour rejoindre les insurgés et gonfler les bataillons de l’armée vendéenne. Certains sont déjà très certainement tombés, d’autres tomberont encore. Car nous sommes à la veille d’événements tragiques et décisifs pour les Vendéens. Le vent de Galerne commence à souffler. Le 17 aura lieu la bataille de Cholet, et le 18 les Vendéens passeront la Loire à Saint-Florent-Le-Viel, entamant ainsi leur longue virée.
Ce sont donc des familles entières qui sont décimées. René GOURDON, domestique meunier, et sa femme, Jeanne HAYAUD, pleurent l’absence de quatre enfants, dont deux filles, Renée et Marie. De nombreuses femmes ont perdus et leur mari et leur fils. La plupart des pères sont en effet souvent partis avec un, voire deux de leurs garçons, parfois très jeunes. Ainsi, François BODET a 14 ans. Avec un autre de ses frères, Michel, âgé de 17 ans, il a suivi son père, Michel BODET, cultivateur à la Peignerie. D’ailleurs, qui cultive à La Peignerie ? Car Jacques TRICOUERE, cultivateur également à la Peignerie, méprisant ses 61 ans, a rejoint les rangs des insurgés. Quant aux fils de Louis GARRAUD, disparus eux aussi, ils étaient âgés de 15 et 21 ans…
La liste est longue et je pourrais encore en citer beaucoup. Certains noms, bien-sûr, me sont familiers. René GOURDON, par exemple, est frère de François GOURDON, lui-même mari de Perrine Jeanne NICOLAS, soeur de Charles NICOLAS, l’un de mes ancêtres.
Liste des habitants de Saint-Georges-du-Puy-de-la-garde absents du pays au 14 octobre 1793
- AUDUREAU René – 26 ans – Fils de René AUDUREAU cultivateur et de […] RAIMBAUD
- AUDUREAU René – 47 ans – Cordonnier au village des Gardes
- BARRON Louis – 39 ans – Tisserand
- BERNARD Charles – 30 ans – Tisserand
- BESNARD Jean – 21 ans – Tisserand naturel, de la Tourlandry, époux de Marie PROVOTS
- BESSON Louis – 21 ans – Fils de Louis BESSON cultivateur à la Rocherie et de Perrine GIRARD
- BODET François – 14 ans – Fils de Michel BODET cultivateur à la Peignerie et de Marie BANCHEREAU
- BODET Michel – 49 ans – Cultivateur à la Peignerie, mari de Françoise BANCHEREAU
- BODET Pierre – 17 ans – Fils de Michel BODET cultivateur à la Peignerie et de Marie BANCHEREAU
- BUFFARD Jean – 40 ans – tisserand
- CAILLAUD Jacques – 25 ans – Fils de Jacques CAILLAUD tisserand à La Courtoisière et de Michelle BREMOND
- CAILLAUD Martin – 25 ans – Fils de Martin CAILLAUD cultivateur de la commune de Melay et de Jacquine GROLLEAU
- CHEREAU Antoine – 24 ans – Fils de Antoine CHEREAU cultivateur et de Marie Anne HILAIRE
- CHEREAU Pierre Mathurin – 21 ans – Fils de Antoine CHEREAU cultivateur et de Marie Anne HILAIRE
- CHEVALIER Jean – 33 ans – Marchand
- COEFFARD Pierre – 19 ans – Fils de René COEFFARD cultivateur et de Marie DUBOIS
- CORNUAU Jean – 34 ans – Fils de Jean CORNUAU, tisserand et de Louise GACHET
- CORNUAU Louis – 32 ans – Fils de Jean CORNUAU tisserand et de Louise GACHET
- CRUAU Michel – 28 ans – Fils de Michel CRUAU cultivateur et de Pierre LEGAY
- DAVID Jacques – 21 ans – Fils de Jacques DAVID, tisserand, et de Louise Marie DEFOIS
- DUBOIS Jean – 40 ans – Garçon domestique, fils de François DUBOIS cultivateur et de Perrine COTENCEAU
- DUBOIS Michel – 17 ans – Fils de Pierre DUBOIS journalier, soldat en vertu de la loi, par la Réquisition
- DUBOIS Pierre – 22 ans – Fils de Pierre DUBOIS journalier
- FONTENY François – 16 ans – Tisserand
- FONTENY Jacques – 21 ans – Tisserand
- GABORIT François – 40 ans – Cultivateur
- GARRAUD Joseph – 15 ans – Fils de Louis GARRAUD cultivateur à la Petite Rivière et de Perrine PEINEAU
- GARRAUD Louis – 21 ans – Fils de Louis GARAUD cultivateur à la Petite Rivière et de Perrine PEINEAU
- GEINDREAU François – 44 ans – Tisserand au village des Gardes
- GEINDREAU Jean – 40 ans – Tisserand au village des Gardes
- GODINEAU Jacques – 32 ans – Epoux de Michelle HUMEAU, maître cordonnier au village des Gardes
- GOURDON Jean – 22 ans – Fils de René GOURDON journalier ou domestique meunier et de Jeanne HAYAUD
- GOURDON Marie – 26 ans – Fille de René GOURDON domestique meunier et de Jeanne HAYAUD
- GOURDON Pierre – 28 ans – Garçon cultivateur, fils de René GOURDON domestique meunier et de Jeanne HAYAUD
- GOURDON Renée – 36 ans – Fille de René GOURDON domestique meunier et de Jeanne HAYAUD
- HUMEAU Jean-Baptiste – 16 ans – Fils de Pierre HUMEAU tisserand et de Mathurine TENIER
- LANDAIS Etienne – 37 ans – Tailleur d’habit au village des Gardes, époux de Marie GROLLEAU
- LANDREAU Jacques – 38 ans – Journalier
- LEGAY François – 47 ans – Cultivateur
- MESNARD Pierre – 26 ans – Fils de Pierre MESNARD et de Perrine LEGAY
- METAYER Charles – 34 ans – Fils de Charles METAYER cultivateur et de La DUPÉ
- METAYER Michel – 30 ans – Fils de Pierre METAYER cultivateur et de Louise DUPÉ
- MORINIER René – 21 ans – Fils de René MORINIER, cultivateur, et de Françoise GELINEAU
- MORINIER René – 50 ans – Cultivateur, époux de Françoise GELINEAU
- OUVRARD Jean – 50 ans – Cultivateur à la Roussière, époux de Perrine LOR
- PAILLOUX Jean – 40 ans – Journalier
- PELERIN Michel – 32 ans – Tisserand, époux de Marie HAYAUD
- PERDRIAU Pierre – 16 ans – Fils de Jean PERDRIAU journalier et de Marie GOURDON
- PICHERIT Jean – 34 ans – Tisserand veuf de Renée RIOTTEAU
- RIOTTEAU François – 17 ans – Fils de Jean RIOTTEAU tisserand au village des Gardes de cette commune et de Renée MICHAUD
- ROBINEAU Charles – 22 ans – Fils de Jean ROBINEAU cultivateur et de Françoise METAYER
- ROBINEAU Mathurin – 38 ans – Fils de Pierre ROBINEAU et de Perrine OGEREAU de cette commune
- ROCHARD Louis – 47 ans – Tisserand aux Landes
- ROCHARD Louis – 19 ans – Fils de Louis ROCHARD tisserand aux Landes et de Jeanne RUILLER
- RUILLER Joseph – 24 ans – Fils de René RUILLER cultivateur et de Françoise MASSON
- RUILLER Joseph – 22 ans – Fils de René RUILLER cultivateur à Launay et de Françoise MASSON
- TRICOUERE Jacques – 61 ans – cultivateur à la Peignerie
- VINCENT François – 24 ans
- VINCENT Jean – 28 ans
- VINCENT Pierre – 26 ans
Source – AD49 – Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde, Décès An VI-1814, vue 10/115. (J’ai adopté l’ordre alphabétique et modernisé l’orthographe.)
[Cette liste donne envie d’en savoir plus. Mes recherches se poursuivent. Si elles se révèlent fructueuses – J’ai déjà retrouvé la trace de quelques uns de ces infortunés – je vous en ferai part d’ici quelque temps…]
Illustration – Carte générale de la France. 099, [Mortagne]. N°99. Flle 102 / Aldring Sculp.[sit] ; [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury] – Gallica
Impressionnant ! 60 personnes « absentes du pays », dans un aussi petit pays que St Georges du Puy de la Garde ! ça fait bien plus de mort que la « grande guerre »… Et pas un seul monument aux morts dans tout ces pays des guerres de Vendée. Sinon quelques « champs des martyrs », en Maine-et-Loire : un dans la forêt de Chanteloup-les-Bois, un à Avrillé (et d’autres encore) où là des milliers de personnes ont été fusillées à bout portant. Une guerre civile qui n’a jamais dit son nom dans la grande Histoire. Je t’envoie quelques photos du champ des martyrs d’Avrillé, le champs des Bons-hommes.
Et est-ce qu’il existe ce même registre pour Neuvy ? pour Melay ? (il y a aussi la chapelle des martyrs dans le cimetière de Melay).
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Je suis bien d’accord avec toi. Ce nombre est d’autant plus considérable que nous n’étions qu’au début des massacres, qui se sont accentuée au cours de l’année 1794 avec le passage des tristement célèbres colonnes infernales !
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Pour Melay, les archives sont également très complètes, très instructives et terribles…
Selon les cahiers de doléances (numérisés aux AD49), il y avait 227 feux (foyers) en 1789 à Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde.
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Extrait du « 6bisruedemessine » et concernant entre autres un de mes ancêtres, Jean Desvignes.
« S’agissant de la prairie de Sainte Gemmes, non loin de Port Thibault, certains témoignages, dont celui, au 19ème siècle de l’historien angevin Godard-Faultrier, précisent que les bourreaux demandaient aux condamnés dont ils se moquaient, de se dévêtir et de s’aligner face à un fossé au fond duquel leur corps suppliciés s’accumulaient après la fusillade avant d’être jeté dans la Loire toute proche. Laquelle en cet hiver 1794 ne parvenait pas à charrier et à emporter les cadavres vers l’aval. Face à la puanteur qui émanait après plusieurs jours de l’endroit, une fosse commune fut creusée pour y déposer les corps ballonnés des suppliciés. Il est probable que c’est là que furent ensevelis les restes de Jean Desvignes. Au 19ième siècle, une croix fut érigée à cet endroit pour rappeler le souvenir des fusillés » – Voir sur ce site, la photo de la croix qui a peut-être porté jadis une plaque commémorative…
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D’autres sont disparus aussi et figurant parmi les républicains… Voir aussi 6bisruedemessine « La Roche de Murs » et « les braves de Nueil-sur-Layon ».
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Vraiment intéressant cette liste! J’ai hâte de lire les résultats de tes recherches sur ces disparus.
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Mon aïeul, François Rochard , qui a été massacré avec ses deux belles filles et ses cinq petits enfants à la ferme de la Sorinière à Chemillé, avait aussi un fils François à la ferme du Plessis à Saint Georges des Gardes. Je sais qu’il est décédé le 8-5-1794 en même temps que son beau frère Joseph Ogereau. Auriez vous des infos à ce sujet ? Merci.
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Pour l’instant non… Je continue mes recherches et je vous tiens au courant… (Et ce n’est pas très gai ! Je ne rencontre que désolation et massacre, comme pour votre ancêtre, hélas !)
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Merci beaucoup
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Riotteau François est un collatéral de la généalogie de mes enfants, relié à son frère Jean-Baptiste RIOTTEAU qui épousa Rose LOFFICIAL, c’est fou et quelle sombre période ! Merci
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merci pour vos recherches très intéressantes , je suis née à St Georges du Puy de la garde et suis très curieuse de connaitre le passé de ma famille PICANTIN.
je suivrai avec attention vos recherches
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