Terre !

Les angevins à la Réunion

#52Ancestors – 7 – Débarqué

Au cours de mes recherches autour de Jacques AUBERT, j’ai découvert tout un univers. L’île de la Réunion, anciennement Bourbon, a en effet la particularité d’avoir été peuplée assez tardivement et de posséder des archives presque complètes des tout débuts de son peuplement.

A l’instar de Jacques AUBERT, d’autres colons sont également venus de l’Anjou. En voici quelques uns. La plupart sont cités dans le Dictionnaire du peuplement ou l’épopée des cinq cents premiers réunionnais (1663 ~ 1713) 1 – et l’un d’entre eux est même l’un de mes cousins éloignés !


René HÉRAULT sieur de la Brosse

« Écuyer originaire du pays d’Anjou. Sa présence est attestée dans l’île le 5 septembre 1668. » (Dictionnaire du Peuplement.)

Il est le parrain d’Anne HAAR, le 14 octobre 1668 à Saint-Paul.

Extrait de l’acte de baptême d’Anne HAAR dont Rainé HERAUT est le compère (le parrain) – (AD-Réunion)

Etienne LE BAILLIF

Il épouse Marie HIBON le 25 février 1699 et se dit natif de la paroisse Saint-Pierre d’Angers, fils de René BAILLIF et de Louise CHOPIN. Bien que l’on possède les noms de ses parents, son acte de baptême – du moins à ma connaissance – n’a pas été retrouvé.

Antoine DESFORGES-BOUCHER le décrit comme un homme brutal, souvent ivre, violent et parfois même cruel avec ses « noirs ».

[…] est d’Anjou, agé de 43 ans, resté à l’Isle de Bourbon, il y a environ 15 ans d’un vaisseau fourban, cet homme icy est mauvais tailleur de son métier, ivrogne, tout ce que l’on peut estre, et jureur par habitude, ne pouvant pas parler sans prononcer le nom de Dieu en blasphème, sans éducation, inexorable à ses noirs, les maltraitant à outrance, et sans raison […]

Certains lui donnent pour ascendance un couple originaire de Précigné, Mathurin LE BAILLIF et Madelaine GESLOT. Ces derniers ont effectivement un fils, René LEBAILLIF, baptisé le 21 février 1667. Mais ce René – qui par ailleurs est mon ancêtre – épousa en 1696 Jeanne GILBERT, dont il eut au moins 5 enfants, parmi lesquels Marie LE BAILLIF baptisée en 1702. Il ne peut donc en aucune manière être celui qui s’est retrouvé à l’île Bourbon.

Extrait du mariage d’Etienne LEBAILLIF et de Marie HIBON – (AD-Réunion)

Il meurt à l’âge de 64 ans, le 13 août 1731.


Lézin ROUILLARD

Il est dit être originaire des Ponts-de-Cé, paroisse de Saint-Maurille. On y retrouve effectivement son acte de baptême, le 22 décembre 1641. Il était le fils de Vincent ROUILLARD et de Renée PROUSTIERE.

Acte de baptême de Lézin ROUILLARD, 22 décembre 1641, Les Ponts-de-Cé, paroisse Saint-Maurille – (AD49)

Engagé par la Compagnie des Indes, Lézin ROUILLARD a débarqué sur l’île en mai 1676, soit plus d’une dizaine d’années avant Jacques AUBERT. En 1686, le 30 novembre, (mais son acte de mariage est introuvable dans les archives de la Réunion), il épouse Antoinette RENAUD, veuve de Jean BELLON. En sa qualité d’Ancien, il est l’un des six membres du du Directoire-de-Saint-Paul qui gouverna Bourbon de 1694 à 1696. 2

Lézin ROUILLARD meurt le 7 septembre 1699 à Saint-Paul, malheureusement sans héritier, à l’âge de 63 ans.


Julien DAILLEAU dit La Rose

Selon Antoine DESFORGES-BOUCHER Julien DAILLEAU, arquebusier de son état, était originaire du Mans.3

[…] il est de ces anciens de Madagascar, très bon arquebusier de sa profession, bon chrétien, extrêmement laborieux. C’est luy quy avait élevé un gerofflier jusqu’à la hauteur d’un pied et demy, qu’un hollandais arracha en partant de l’isle […] ny ivrogne, et n’a pas de vices apparens, mais ceux qui le connaissent à fond, découvrent une grande dissimulation, et même quelque chose de double enfermée sous un visage et des manières d’une grande douceur […] Le lieu où il réside s’appelle la rivière de St Jean, tout le terrain des environs de cette rivière est le plus excellent du monde et il n’y a qu’à planter tout ce que l’on veut, l’on est bien seure de le cueillir abondamment […]

Dans le Dictionnaire du peuplement, Julien DAILLEAU est dit être né à Sablé-sur-Sarthe vers 1651. Il aurait ensuite vécu à La-Suze-sur-Sarthe avant de s’engager comme soldat. Marié vers 1679 avec Dominique ROSAIRE, puis en 1691 avec Louise FONSEGUE, sa descendance est très nombreuse. Il meurt noyé le 10 février 1712, alors qu’il voulait traverser la rivière pour rentrer chez lui.

Mort de Honorable Homme Julien DAILLEAU, 10 février 1712, Saint-Denis – (ANOM)

L’an de grase mil sept cents douze le 10 de feuvrier ayant desendu de ches moy pour aler au gouvernement, j’ay apris par Monsieur de Justamont fiscal et garde magasin de Mesieurs de la compagnie Royale de Franse aux Indes orientales que les noirs du gouvernement venoient de trouver le chapeau, les souliers et un bas dans un soulier et la canne de hh Julien DAILLEAU, ce qui m’a fet présumer qu’il s’etoit noyé en voulant paser la riviere de St Denis pour s’en retourner chez luy. […]

Certains le confondent avec Julien DOLBEAU baptisé le 8 juin 1650 à Sablé, ou, encore, en font le fils de Jean DAILLEAU et de Nicole VIRQUIN mariés en 1647 à La-Suze-sur-Sarthe, ce qui est plus vraisemblable.


Pierre René MOREAU dit Saint-Quentin

Selon le Dictionnaire du peuplement, Pierre René MOREAU était originaire d’Angers. Il serait né vers 1703. Il s’est marié le 25 janvier 1729 à Sainte-Suzanne avec Françoise FONTAINE.

Un Pierre René MOREAU est baptisé le 9 février 1708 à Angers, paroisse de La Trinité. Est-ce lui ? Difficile de l’affirmer.

Ce Pierre René MOREAU porte les prénoms de son parrain et de sa marraine. (AD49)

Jean Baptiste BENARD dit Saint-Mathurin

Petite mention particulière pour ce Jean Baptiste BENARD puisqu’il est l’un de mes cousins éloignés…

Caporal de la Compagnie de Font-Brune, il épousa Elisabeth PAYET, le 15 juillet 1727 à Saint-Paul.

Mariage de Jean-Baptiste BENARD et d’Elisabeth PAYET, le 15 juillet 1727 à Saint Paul – (AD Réunion)

… Jean-Baptiste BENARD dit Saint Mathurin, Caporal de la Compagnie de Fontbrune, fils légitime de Jean BENART et de Marie PLANSONNEAU, ses père et mère, de la paroisse de Saint-mathurin, diocèse d’Angers, d’une part, et Elisabeth PAYET, fille légitime du sieur Daniel PAYET et de défunte Toinette TOUCHARD ses père et mère, de cette paroisse Saint-Paul…

Jacques AUBERT est l’un de ses témoins. Quant au père de Jean-Baptiste, Jean BENARD, il était le fils de Pierre BENARD et de Perrine HUET et cette dernière – grand-mère paternelle de Jean-Baptiste – était la fille de mes ancêtres, Pierre HUET et Françoise BREHIN.

Jean Baptiste BENARD avait été baptisé le 12 mars 1691 à Saint-Mathurin-sur-Loire. Il est arrivé à Bourbon en 1722.


Etienne GESLIN

Etienne GESLIN se marie le 17 septembre 1726 à Marguerite DAILLAU. Il est inhumé le 18 mars 1783 à Sainte-Suzanne, âgé de quatre-vingt-dix ans, ou environ. Quelqu’un a ajouté au crayon, dans la marge, la mention « Angers« .

Anom

Julien BARET de la Roussonnière

Originaire de Précigné où il fut baptisé le 2 novembre 1696. Il était né le 31 octobre de la même année de Jean BARET, notaire et avocat, et de Anne LEGRAS.

Il se maria le 10 septembre 1726, à Saint-Paul, avec Barbe PAYET. Jacques AUBERT et son fils, Pierre, furent témoins à son mariage. Il n’est d’ailleurs pas hasardeux d’imaginer que Julien, arrivé fraîchement de France en 1724, ait apporté des nouvelles de sa famille à son compatriote angevin ! Pour plus de détails, voir ce site qui lui est entièrement consacré : Julien Baret de la Roussonière.


Joseph De GUIGNÉ de la BERANGERIE, dit La Cerisaie

Fils de Joseph de GUIGNÉ et d’Hélène LEMAISTRE, il est baptisé à Saumur le 23 décembre 1668. Arrivé à Bourbon le 9 avril 1704 sur un navire forban, DESFORGES-BOUCHER dit de lui :

[..] Il est de nécessité de croire qu’il est né quelque chose au dessus du commun par les belles qualités qu’il possède et les éducations qu’il a eu [..] Il entra dans le corps de la cavalerie ou il parvint à estre officier, de simple cavalier qu’il estait à la paix, il quitta le service et passa à l’Amérique ou il fut chargé de la garde de plusieurs magasins, de quoy ceux qui l’employaient furent si contents qu’ils le firent marchand dans un vaisseau dont ils donnèrent le commandement à un nommé FORGET, homme de peu de capacité, de sorte qu’l se trouva obligé de prendre la conduite de la route, et vinrent à Madagascar dans le dessein de traiter avec les fourbans, mais, ils furent pris, et cet homme se trouva obligé même par la force à faire un voyage avec ces messieurs pour y exercer le pilotage et principalement la chirurgie, qu’il possède à fond. Ce vaisseau après son voyage fait, toucha à l’isle de Bourbon en 1704 et c’est de là qu’il y resta, il y a épousé Françoise CARRÉ, créole blanche, laquelle à l’exemple de son mari est d’une conduite exemplaire [..] M. Le GOuverneur le fit enseigne du quartier et ensemble nous le fimes greffier [..]

On le voit, Antoine BOUCHER ne tarit pas d’éloges à son sujet ! Et en vérité, sa vie est un véritable roman !

Joseph De Guigné meurt à Saint-Denis le 14 décembre 1736.


Notes, Sources et liens

1- Dictionnaire du peuplement ou l’épopée des cinq cents premiers réunionnais (1663 ~ 1713), Jules BENARD et Bernard MONGE, Azalées Editions.

2 –Les origines de l’ile Bourbon et de la colonisation française à Madagascar, Isidore Guët, 1888. (Lire en ligne sur Gallica)

3- Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises. AFRIQUE ET ASIE. Pondichéry, île Bourbon. — Extraits des registres de l’état-civil de Pondichéry, 1687-1725 (fol. 1). — « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l’isle de Bourbon » (fol. 20) ; — Extraits des registres de l’état-civil du Port-Louis, île de France, 1728-1747 (fol. 80). [En ligne sur Gallica]

Vignette La culture du café à l’île de Bourbon , aquarelle, début du XIXe siècle, attribuée à JJ Patu de Rosemont. (Wikipedia)

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