Briollay – Célestin Port, Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire (1878)

(Complément de l’article Briollay.)

Célestin Port, Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, 1878

Briollay, chef-lieu de canton, arrondissement d’Angers (13 kil.) – Briole 1030 circa (Cartul. St-Maur, ch. 8), 1066 (Ib., ch 17), 1120 (Ib. ch. 41) – Brioleduscastellum Brioledum 1040-1847 (1er Cartul. St-Serge, p.142), 1159 (Ib., p.16) – Brioleium 1066 (Cart. St-Maur, ch. 63), 1106 (Epit. St-Nicol., p. 63), 1104-1120 (Cart. du Ronc., Rot. 2, ch. 2) – Villa de Brioleto 1241 (Titres du prieuré) – Sanctus-Marcellus de Brioledo 1285 – Vetus Brioletum 1244 – Le perrin de Briolay 1306 – La ville de Briolay 1596 (Ib.) – Bria ad Ledum XVIIè s. (Ménage, Hist. de Sablé, p. 293) – Le nom est formé du nom du Loir, Ledus ou Letus et du mot celtique Bria, qui veut dire pont, – et signifie Pont du Loir.

Le bourg actuel est situé sur la rive gauche de la Sarthe, qui traverse la commune du N. au S. en l’enrichissant sur ses deux rives de magnifiques prairies – à 500 mètres du Loir qui la limite intérieurement vers S. – et à 1500 mètres de leur confluent – entre Cheffes (7 kil.) et Tiercé (6 kil. 1/2) au N., Soulaire ( 3kil. 1/2) à l’O., Villevêque (7 kil. 1/2) et Soucelles (7 kil.) à l’E., Ecouflant (5 kil.) au S.

Le chemin de grande communication d’Angers à Morannes y rencontre dans le le bourg les chemins d’intérêt commun de Briolay à Feneu et à Villevêque. Il franchit le Loir au-dessus du village de Péchevêque sur un pont suspendu, avec péage concédé par ordonnance du 12 novembre 1838 pour 90 ans à partir de 1842. – La construction coûta 220 000 fr., dont la commune fournit 110 000 fr, l’Etat 25 000 fr. – Un bac traverse la Sarthe vis-à-vis Soulaire. – La voie ferrée d’Angers au Mans fait station à 2 kil. 1/2 du bourg mais sur Ecouflant. Elle entre sur la commune en passant le Loir sur un pont à piles tubulaires, système Triger, portant un plancher en fer, de 128 mètres de longueur, dont 50 mètres pour la travée du milieu : les colonnes qui plongent à 17 mètres au-dessous de l’eau, dépassent de 17 mètres l’étiage.

En dépendant les villages de Péchevêque (70 hab., 1 kil.), de Verrigné (175 hab., 3 kil.), du Vieux-Briolay (88 hab. 1 kil.), les hameaux de Placelles (32 hab., 3 kil.), de Mirande (24 hab., 1300 mètres), de la Carie (11 hab., 1100 mèt.) et 37 maisons éparses « dans les hauts. »

Superficie : 1428 hectares dont 193 hectares 38 en vignes et 20 hect. 58 en bois.

Population : 157 feux en 1699 – 906 hab. en 1726 – 925 hab. en 1790 – 974 hab. en 1826 – 1010 hab. en 1831 – 984 hab. en 1841 – 974 hab. en 1861 – 933 hab. en 1861 – 964 hab. en 1866 – 946 hab. en 1872 dont 368 au bourg (104 maisons, 136 ménages).

Bureau de poste et perception, comprenant Briolay, Soucelles, Montreuil-sur-Loir et Tiercé.

Culture importante de chanvre dont les produits forment type et donnent leur nom aux chanvres des alentours désignés dans le commerce du titre de Briollays. – orge, froment, seigle, légumes, trèfle, maïs, millet, vignes, commerce important d’oies et de plumes d’oies, pêche, corderie, fabrique de sabots.

Assemblée le plus proche dimanche de la Saint-Quentin (8 juillet).

La Mairie, installée dans l’ancien prieuré acquis en 1818 de M. Papiau de la Verrie, a été transférée dans un bâtiment neuf construit en 1850 avec la Justice de paix et l’Ecole communale laïque des garçons. – Ecole libre de filles et Asile sous la direction des Soeurs de St-Charles. – Salle d’asile communale édifiée en 1866.

L’Eglise dédiée à St Marcel (cure, 19 brumaire an XI) est un édifice roman, refait au XVIè s. (26 m. 40 sur 10 m. 50, et avec le chœur, 36 m. 40), restauré et agrandi en 1856 par M. Duvêtre dans le style de la construction primitive. La nef principale s’accroît d’un bas-côté vers N., formé par cinq arceaux dont deux d’ogive naissante, les autres en plein-cintre, avec moulures retombant sur trois énormes et bas piliers carrés, sans autre ornement qu’un double rang de dents de scie ; au fond une jolie et antique chapelle de la Vierge, bordée de barbares chapiteaux romans ; dans la nef à droite, statues de St Julien et de St François (XVIIIe s.) sur des consoles ; autel et statue de St Sébastien – ni chœur ni transept – une abside ronde reconstruite en 1786, la voûte couverte de grossières peintures ; dans des niches, les statues de St Pierre et de St Marcel. – Une Crucifixion du XVè s. décore les croisées de la façade. – Près la porte latérale, au pied du bénitier, gît par terre une plinthe antique d’un seul bloc, entaillée sur trois côtés de grossières et très curieuses sculptures (XIè s.). – Le clocher carré repose sur une base moderne soutenue par d’énormes contre-forts carrés, formant une masse extérieure. – L’église absolument pauvre fut gratifiée en 1790 de partie des chasubles, chapes et ornements de St-Michel du Tertre d’Angers.

La Sacristie a été reconstruite en 1849.

Le nom même de Briolay, qui signifie Pont du Loir, atteste l’existence d’un centre habité dès les temps celtiques à distance du bourg actuel qui se trouve sur la Sarthe. L’agglomération primitive s’élevait sur le Loir que bordait une forêt dite de Lyée, non loin du village nommé encore le Vieux-Briolay, au-dessous du moulin du Pont, dont le nom semble en garder un souvenir. Une voie bien certainement traversait là le Loir, gagnant directement Tiercé, sans que le tracé précis en ait été déterminé non plus qu’aucun débris antérieur aux temps féodaux.

Dès le Xè s., par suite sans doute de l’établissement de Villevêque, qui dominait en amont le Loir, le centre du fief était reporté sur la Sarthe et formait une place fortifiée du domaine des comtes d’Anjou.

Foulques en fit don vers 980 à son fidèle Burchard qui y fonda sous le château une église. Son fils, clerc et trésorier de St-Maurice, quoique marié et père de famille, la concéda à l’Abbaye St-Serge d’Angers vers le milieu du XIè s., avec terres, vignes, moulin et de nombreux revenus. L’évêque Eusèbe en vint faire la consécration, et l’abbé y établit immédiatement trois ou quatre religieux à résidence pour la desservir, comme un prieuré, et y faire l’office canonial et curial. Ce prieuré fut réuni en 1301 à l’office de la Cellererie. Les moines, rappelés au couvent, instituèrent un vicaire perpétuel ou curé. Une transaction du 9 août 1668 fixa sa portion congrue à une rente de 37 setiers, dont 27 1/2 de seigle. Le curé se déchargeait d’ailleurs sur un vicaire, tout à la fois sacriste et maître d’école, qui,  à la fin du XVIe s., touchait pour tout revenu 10 écus, 2 setiers de blé-seigle et une petite dîme de chanvre, « récompense bien petite, écrit l’un d’eux, pour le grand labeur que c’étoit ! ».

L’église se rattachait vers N.E. au grand cimetière, – le plus petit, abandonné, bordait au S. le chemin de la Croix-de-Mirande, – à l’O., aux bâtiments et aux cloîtres du prieuré, et aux jardins du presbytère, reconstruit en 1788. – Du prieuré dépendaient les fiefs de la Bouchetière en Etriché, de Brétignolles en Bauné, de Noyant en Soulaire et diverses tenures en Ecouflant. – Le prieur avait son entrée particulière dans l’église, son autel principal avec sa chaire dans le choeur, le tout séparé, clos et élevé au-dessus de la nef où se réfugiait l’autel paroissial. Un de ses privilèges était de prendre le lit noble de tout noble mourant dans la paroisse. Il devait au baron un échaudé et une mesure de vin aux quatre fêtes de Pâques, de St-Marcel, de Toussaint et de Noël, rendue au château par personne convenable, à cheval, « auquel cheval ne devoit manquer fer ni clou », l’homme éperonné ou chaussé de houzeaux à semelle. Il était de plus obligé à une aumône d’un quartier de pain de deux deniers, le dimanche, le mardi, le jeudi, à tout venant, et pour garantie, le seigneur tenait au prieuré  » un homme de bien appelé ausmonier » que le prieur devait nourrir. Cette redevance donna matière à de nombreux procès qui condamnèrent les moines. Une transaction apaisa en 1681 les réclamations des habitants.

Prieurs : Pierre, 1241 – Martin, 1244 – Geoffroy de Molisé, 1285 – Jean Germis, 1450, Jean de Peyrac, 1545.

Curés : Michel Moreau, inhumé le 15 avril 1522 aux Cordeliers d’Angers. – Thomas Jallet, prieur aussi de Trèves, 1592, inhumé le 5 juillet 1637 – Julien Laboe ou Labault, 1645, 1650, sans cesse en lutte avec les religieux et avec ses paroissiens. Il se prétendait le plus heureux curé de la province, « n’ayant pas charge d’âmes, ses paroissiens n’en n’ayant pas ». – Georges Loppé, 1651. Il lui fallut les 1er et 2 mai 1653 procéder à l’inhumation de 42 de ses paroissiens, qui s’étaient noyés sur les marais. – François Odiau, 1667 – René Margariteau, 1687 – René Bournan, 1724, dont le frère était notaire royal à Corzé, inhumé le 14 janvier 1728, âgé de 63 ans. – Jean Bachelier, 1728, 1767, inhumé à l’âge de 87 ans, le 21 avril 1781, doyen de la Faculté des Arts d’Angers. – Charles Allard, 1767, 1770 – Mathurin Allard qui permuta avec le curé de Beausse le 15 novembre 1773 – Jean Michel Langevin, installé le 17 septembre 1774, exécuté à Angers le 8 novembre 1793.

La terre resta, durant tout le moyen âge, la première des quatre baronnies relevant de l’évêché d’Angers. Le baron était tenu à porter l’évêque, le premier, au bras droit, le jour de son sacre, depuis St-Aubin jusqu’à St-Maurice, et de le servir à table, emportant pour bénéfices la coupe où le prélat avait bu. Le principal manoir, à l’E. et au-dessus du bourg, paraît détruit dès au moins le XIVe s. sauf la fameuse tour, masse énorme du donjon, en pierre de grès, avec revêtement intérieur de tuffeau, dont les murs épais de 14 pieds contenaient de nombreux réduits et un couloir circulaire. Elle se dressait encore au commencement de ce siècle, abritant le logis du capitaine des chasses et une chapelle de St-Victor, qui avait remplacé l’ancienne chapelle seigneuriale dédiée à St-Nicolas. Aujourd’hui la butte énorme domine encore le pays et la rivière, entourée d’immenses et profondes douves, que coupe vers N.-E. une jetée pleine pour l’accès. Au sommet s’élève une vaste ferme où rien ne subsiste plus d’antique qu’un pan des murs de l’enceinte vers N. en appareil moyen régulier, recouvrant un épais blocage et percé de meurtrières. On y a trouvé plusieurs fois en bêchant des boulets de fer.

Dès le XVIe s. tout le domaine consistait en la curieuse maison du Palais ou du Perrin, grand carré long, vis-à-vis l’église, éclairé autrefois de chaque côté par deux grandes baies romanes et terminé par deux pignons, celui vers N. percé d’une double fenêtre plein-cintre geminé avec bordure en dents de scie, tympan troué d’un losange et chapiteaux cubiques à tailloir carré ( XIe s.) rappelant le style et l’appareil de l’Hôtel-Dieu d’Angers. Dans le toit en dos d’âne s’élève une cheminée à base carrée, du temps même. C’était l’auditoire seigneurial sous lequel s’enfouissaient les prisons, attenant à l’écurie pour fourrière.

Pour le reste, des prés considérables mais divisés en parcelles dont la plus grande mesurait 40 arpents, 13 places de chasse aux canards sauvages sur le Loir et la Sarthe, 3 pêcheries, chacune de plus d’une lieue de long et 6 bacs privilégiés à Briollay, Ecouflant, Cheffes et Tiercé. Les habitants jusqu’à Solême et Châteaugontier restaient exempts de tout droit de passage, moyennant le paiement d’un denier au pontonnier le jour de Noël et l’obligation d’entretenir les abords et les gués des deux côtés tous les sept ans. Le seigneur possédait de plus droit de mesure à blé et à vin – le setier local comptant 12 boisseaux qui en valaient 18 des Ponts-de-Cé – droit d’une journée de tout faucheur, en le payant 12 deniers, et d’une corvée de bœuf et de charrette de tout tenancier pour le transport de ses foins à Briollay et à Angers – droit de prévôté sur toutes marchandises de passage pour l’entretien du pavé, droit de four-à-ban et de banvin pendant 40 jours et 40 nuits – droit de quintaine sur tous les pêcheurs, à la St-jean pour Ecouflant, à la Trinité pour Briollay, les nouveaux mariés devant de plus un chapeau de roses au châtelain et lui donner, ainsi qu’à ses gens, un dîner pendant lequel les jeunes femmes chantaient chacune leur chanson – droit de visite de tous les engins de pêche avec privilège d’achat de tout poisson d’un prix supérieur à cinq sous et de tout cygne saisi sur les communs.

Les familles qui portaient le nom du fief se fondirent en celle de Sablé par le mariage de Tiphaine de Briollay vers 1120 avec Liénard de Sablé. Leur fils Geoffroy fut enterré sous la tour, subtus turrem, alors peut-être en construction. Marguerite de Sablé l’apporta en dot à Guillaume Desroches, sénéchal d’Anjou, qui, partant pour l’Albigeois, en fit don en 1219 à sa seconde fille Jeanne, épouse en 1226 d’Amaury de Craon. Marie de Craon, fille de Jean de Craon et de Béatrix de Rochefort, et femme en 1404 de Guy de Laval, eut pour héritier René de Laval, mari de Jeanne de Champagne, qui donna la terre à son cousin Brandelis de Champagne. – En est sieur André de Chauvigny 1494, 1502, François de la Trémouille 1507, Louis de Bourbon, duc de Montpensier, 1559, le marquis d’Elbeuf 1575, Charles de Lorraine, duc d’Aumale 1584, Louis de Rohan 1588 et sa descendance jusqu’au milieu du XVIIIe s. – Jules-hercules de Rohan-Montbason en 1768 fut autorisé par l’évêque, son suzerain, à morceler la terre pour la pouvoir vendre, à charge de conserver intact un corps de fief pour rallier les droits seigneuriaux et le titre de la baronnie. Louis-Alexandre-Joseph de Canonville de Raffetot 1780, Jean-Baptiste Ménage 1788.

Commandant à la fois le cours de la Sarthe et du Loir, le château dut jouer son rôle dans toutes les guerres angevines. Pris dès 1103 par le comte Geoffroy Martel sur son vassal rebelle, repris en 1140 par Geoffroy Plantagenet, il ne fut rendu que sur les instances de l’évêque Ulger et dès lors était dominé, en amont sur la Sarthe, par la construction de Châteauneuf (1133). – En 1589 les Ligueurs tentèrent d’occuper la vieille tour, mais ils avaient été repoussés avant même l’arrivée des secours d’Angers. – En 1598, le 30 mars, le roi Henri qui était allé chasser au Verger, chez les Rohan reçut à Briollay le duc de Mercoeur repentant et lui rendit son amitié.

La paroisse dépendait de l’Archiprêtré de la Flèche, de l’Election d’Angers, du District de Châteauneuf 1788, 1790. – Elle comptait un sixième d’indigents en 1789.

Maires : Charles Bachelier 1790 – Mathurin Février, 1er messidor an VIII – François Berger, 7 nivôse an XIII, démissionnaire en mars 1847, inhumé à Angers le 8 avril 1858  – Bongérard, 5 avril 1817, démissionnaire – Auguste-François Garnier-Marinière, 25 mai 1821, installé le 10 juillet. – Félix Destriché-de-la-Barre, 14 janvier 1826, installé le 5 février, démissionnaire. – Pierre-Toussaint Richard, ancien capitaine de grenadiers, 9 juin 1829, installé le 14. – Follenfant, 1832, François Berger-Lointier, 1837, encore en fonctions.

Arch. de M.-et-L. C 19,24, 187, 192, 201 ; G 51 ; H St-Serge – Arch. comm. Et.-C. – Arch. d’Anjou, t; I, p. 46 – Mém. de la Soc. d’Agr. d’Angers, t. VI, p. 68 – Léop. Delisle, Actes de Ph.-Auguste, p. 405 – Chron. d’Anjou – Le chartrier de la baronnie de Briolay est conservé au château de Soucelles et comprend une centaine de liasses ou de registres, les titres de propriété remontant au XIIIe s., les déclarations à 1782, les aveux de Cheffes, BaÎf, Noirïeux au XVe s., avec des plans importants concernant les communs. – Pour les localités, voir à leur article, notamment Pont, Verrigné, Mirande, Noirieux, Péchevêque, etc…

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