Une absence inexplicable

Le Plessis-Grammoire, 20 juin 1703

Voici l’acte de baptême de Pierre REPUSSARD baptisé sans marraine.

Baptême de Louis REPUSSARD, 20 juin 1703, Le Plessis-Grammoire – (AD49)

Le vingtiesme juin mil sept cent trois par nous prestre vicquaire de Foudon sousigné a esté baptisé en cette église Louis né d’aujourd’huy fils de Pierre REPUSSARD et d’Embroise LEYTRIE son espouse, demeurant au lieu du Bois Lambert de cette paroisse a esté parein honorable garçon Louis CHANTELOU cousin germain du baptisé de la paroisse de Foudon, ledit enfant a esté baptisé sans mareinne selon l’attention de monseigneur l’eveque d’Angers et ledit bapteme en presence du pere de l’enfant et de Jaquinne OUVRARD qui ont tous signé avec nous fors laditte Jacquinne OUVRARD.


Que s’est-il passé ? Et pourquoi cette « attention » ou « intention » de l’Evêque ? Il semblerait que l’évêque ait désiré qu’il n’y ait pas de marraine, mais si tel est le cas, pour quelle raison ? La marraine aurait-elle été jugée incompétente (Comme ici) ? A moins qu’il n’ait fallu la protéger en vue d’un mariage futur ? En effet, on évitait de nommer parrain et marraine d’un même enfant deux personnes susceptibles de s’épouser par la suite. Au moyen-âge, cette interdiction de mariage allait même très loin, à tel point que les enfants des parrains et des marraines ne pouvaient épouser les filleuls de leurs parents car on les considérait comme des frères et soeurs.

Ce qui est également étrange dans cet acte, c’est la présence de Jacquine OUVRARD. Devait-elle être la marraine ou sa présence est-elle fortuite ?

Aucun acte de baptême célébré dans cette église à la même époque ne présente ces particularités ; Jacquine OUVRARD, qui aurait pu être une « assistante » du prêtre, n’assiste à aucun autre baptême et je n’ai pas retrouvé non plus d’autre mention de cette curieuse « attention » de l’évêque.

Le 11 juin 1706, Pierre REPUSSARD et Ambroise LETTRIE baptisent un autre enfant, Jacques. Curieusement, l’acte de baptême de ce dernier ne cite que le parrain, la marraine étant omise. Est-ce juste un oubli ou une coïncidence ? Ses parents-là seraient-ils si particuliers que leurs enfants n’aient jamais besoin de marraine ? Sans doute que non, puisque leur premier-né, Pierre, baptisé le 26 octobre 1697, avait bien bénéficié d’un parrain et d’une marraine.

Le parrain de Louis, Louis CHANTELOU, fils de Louis CHANTELOU et de Renée LESTRIE, cousin germain du baptisé, décèdera le 7 novembre 1705 sans jamais s’être marié, à l’âge de 27 ans.

En ce qui concerne Jacquine OUVRARD, j’ai quelque mal à l’identifier. Une certaine Jacquine OUVRARD épouse René LOCHER le 5 juillet 1707 à Andard, mais rien ne permet de faire le lien avec celle présente au baptême de Louis.

C’était il y a tout juste 320 ans et le mystère reste entier…


Notes, Sources et Liens

Le baptême, par R. Bezoles. (Gallica)

Archives départementales du Maine-et-Loire. Le Plessis-Grammoire, BMS, 1681-1719, vue 178/306.

Le Baptême du Christ, atelier de Jan Van Scorel (1527). (Wikipedia).

10 réflexions sur “Une absence inexplicable

  1. On précise que le père est présent au baptême, dans le cas contraire, à moins d’une excuse solide, on peut supposer qu’il est protestant et qu’on baptise l’enfant contre son gré. Jacquine Ouvrard serait-elle soupçonnée d’être protestante ?

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  2. J’avais déjà cherché une explication pour un cas similaire dans ma généalogie:
    Selon la tradition chrétienne, rôle du parrain et de marraine (un seul des deux est obligatoire au baptême) sera d’accompagner le baptisé dans la communauté et l’éducation catholique. Ils doivent donc obligatoirement être baptisés. Aucune obligation pour les parents, car tout un chacun peut être admis au baptême, avec l’accord des parents si c’est un enfant, car c’est un choix d’éducation. Dans le cas présent, probablement que le diocèse n’a pas pu déterminer si la marraine était baptisée (même sans aller jusqu’à son appartenance à une autre religion, ce qui est aussi possible). Elle peut être autorisée à assister tout de même à la cérémonie, et même signer le registre en tant que témoin, sans être désignée officiellement comme marraine. Elle est alors appellée poétiquement « marraine de cœur »…
    On trouve ces informations communément sur le WEB dans les pages des paroisses, dans les rubriques questions/réponses sur le thème du baptême.

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