Calendrier de l’Avent 2016 – 18
Le Voide, 8 juin 1758
Voici un acte affreux. Autrefois, un accouchement qui ne se déroulait pas normalement avait de grandes chances d’être fatal non seulement à l’enfant mais aussi à la mère. Aussi lorsque l’enfant mourait avant de naître, lorsque pour une raison ou pour une autre l’expulsion ne pouvait avoir lieu, alors les chirurgiens entraient en scène…
Le huitieme jour de juin mil sept cent cinquante huit a été inhumé dans le cimetiere de ce lieu, un enfant mâle né de ce jour, batisé en naissant par la sage femme et mort avant que de naître entierement, lequel a été tiré du sein de sa mère par morceaux par l’opération des chirurgiens, lequel est fils de Jean BARANGER métayer de Jaudouine en cette paroisse et de Perrine MAILLET son épouse. Le père présent qui a signé avec nous.
Perrine MAILLET, la mère, sera sauvée et mettra au monde au moins un autre enfant, le 28 février 1760.
J’ai relevé un acte très similaire à celui-ci qui a eu lieu quelques années auparavant (en 1725) à Andard. (Voir B comme BARBARE ou l’enfant aux bras coupés.)
Ici, on a privilégié la mère,et Perrine est sauvée , dans des conditions extrêmes…, mais, mourir en donnant la vie est chose courante.
Les filles « à marier » de cette époque, allaient elles sereinement au mariage sachant bien que l’an qui suivrait, elles mettraient au monde un enfant avec les risques que cela supposait, ce risque se renouvelant à chaque grossesse…
Je me le suis souvent demandé ?
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En Auvergne, près de Brioude, un lointain cousin , Antoine PIALOUX a recouru à cette pratique en novembre 1787 au château de Lauriat près de Beaumont.
Mère et enfant n’ont pas survécu ….
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Perrine avait eu trois autres enfants (Jean ° 1751 + 1756), Marie (° 25/04/1753 + 19/09/1753), Jean ° 02/09/1756. Elle eut le 28/02/1760 effectivement une petite Marie et enfin le 02/03/1762 une Perrine. Perrine Maillet est décédée le 26/10/1773 à environ 50 ans, mais elle s’était mariée le 25/11/1749 avec Jean Baranger possiblement à 26 ans.
Même de nos jours, si les futures mères n’ont pas la peur chevillée au ventre (!), il n’en reste pas moins un certain nombre de cas autour de moi, ces dernières années, de pré ou d’éclampsie. Heureusement la médecine et les chirurgiens ont fait des progrès et les futures mères sont bien surveillées.
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Le qualifier d’affreux est réducteur, il est terrible, mais il s’agit d’une prouesse chirurgicale pour l’époque.Je m’explique. Il est fait le choix de sauver la mère, ce qui n’a rien d’évident, même si les recommandations sont là en 1768. Ce chirurgien arrive à temps (ça n’a rien d’évident non plus). Le foetus était probablement déjà mort in utéro à son arrivée, le chirurgien sauve la vie de la mère (qui a du attendre longtemps, trop longtemps la décision d’interventtion). De plus, il préserve la fécondité de l’accouchée (pas d’infection consécutive, pas de reliquat de cette embryotomie, pas de blessure utérine) et ce d’autant mieux qu’elle met au monde un enfant vivant seulement deux ans plus tard. Chapeau. C’est une archive exceptionnelle.
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Cette opération, vue sous cet angle, est en effet un début de progrès… On peut voir que la même opération a été réalisée à Andard en 1725. Une spécificité angevine ?
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J’ai fait mes études d’infirmière en 1966 et cette intervention était la seule encore pratiquée pour évacuer un enfant mort qui ne pouvait être expulsé par les voies naturelles ou bien qui était « mort et macéré », c’était la seule façon pour protéger les voies génitales de la mère (pour lui permettre d’avoir d’autres enfants) et la vie de la mère.
Depuis les années 80, les progrès de l’obstétrique avec une meilleure surveillance de la grossesse, l’échographie qui permettent de programmer une césarienne en milieu hospitalier lorsqu’il existe une mauvaise présentation foetale, ont relégué cette pratique à l’histoire ancienne.
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Ouf ! Heureusement ! Merci pour ce témoignage très édifiant
.
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