Le (faux) baptême de Jean de VAUGIRAULT, évêque d’Angers (1680-1758)

On trouve dans les registres de Notre Dame d’Allençon, à la date du 23 novevembre 1673, l’acte de baptême de Jean-Baptiste de VAUGIRAUD. Une mention marginale précise qu’il s’agit sans doute de celui de Jean de VAUGIRAUD, évêque d’Angers, mort en 1758.

B. de Jean Baptiste de Vaugiraud qu’on dit avoir eté Evêque d’Angers, mort environ la Saint Jean Baptiste du mois de juin 1758

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Acte de baptême de Jean-Baptiste de VAUGIRAUD, 22 novembre 1673, Notre-Dame-d’Allençon – (AD49)

En réalité, comme nous l’apprend Célestin Port dans son Dictionnaire Historique de l’Anjou, il s’agit d’une méprise. Le véritable Jean de VAUGIRAULD, futur évêque, fils de René de VAUGIRAULD et de Renée DUBOUCHER, naquit à Longué le 11 novembre 1680. Ondoyé le jour même, il ne fut baptisé qu’un an plus tard, le 1er septembre 1681, en l’église de cette même paroisse.

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Acte de baptême de Jean de VAUGIRAULD, 11 novembre 1681, Longué – (AD49)

En marge de cet acte de baptême, quelques notes résument sa vie jusqu’à sa consécration :

Jean de Vaugirault eut la chere de St Martin de Beaupreau par resignation de Monsieur son oncle, n’estant encore que diacre. Il prit le bonet de docteur en theologie de la faculté d’Angers, saint prêtre, bon docteur, vigilant curé pendant deux ou trois ans, qu’il eut par resignation le grand archidiaconé d’Angers en 1706 apres avoir gouverné le diocèse comme grand vicaire, il fut nommé évêque d’Angers en 1730 et sacré à Paris au mois de fevrier 1731″

Célestin Port résume de la même façon le parcours de Jean de VAUGIRAULD puis ajoute quelques précisions sur  son « règne ».

Son règne débuta par une rigoureuse et stricte réforme des paratiques faciles et de la vie mondaine de son clergé.Un ton de rudesse et d’austérité devint de mise et remplaça les manières dégagées jusqu’alors à la mode. […] Mais les rigueurs nouvelles des confessionnaux irritèrent le peuple. […] Ses panégyristes racontent qu’en certains jours, dans sa ville épiscopale, il était hué par la foule au milieu même des cérémonies religieuses et poursuivi dans son carrosse à coups de pierre jusque dans son évêché. Nul prélat pourtant n’a laissé dans les écrits du temps les plus sincères, dans les registres des paroisses rurales, dans les mémoires, dans les actes un souvenir plus vénéré et plus convaincu. […]

Jean de VAUGIRAULD mourut le 21 juin 1758, le jour de la Saint Jean-Baptiste. Quelques semaines plus tard, un service funèbre fut célébré en son honneur dans l’église de Saint Maurille de Chalonnes-sur-Loire.

Dans les registres de cette paroisse, il nous reste de cette cérémonie les traces écrites par le curé, sorte de petit reportage sur la mise en scène qui accompagnait les enterrements des hauts personnages au milieu du XVIIe siècle : sonnerie de cloches à n’en plus finir, déploiement de voiles noirs, échafaudage de lumières, et même… tête de mort !

VAUGIRAULT Jean de - Oraison funèbre
Oraison funèbre de Jean De VAUGIRAULD, Evêque d’Angers, 31 juillet 1758, Eglise Saint-Maurille, Chalonnes-sur-Loire – (AD49-BMS 1750-1760, vue 331)

Le trente un de juilliet mil sept cent cinquante huict a été celébré dans cette église un service solennel pour le repos de l’ame de Mestre Jean de VAUGIRAULD, ancien evêque de ce diocèse, decedé du vingt et un du mois de juin dernier, agé de soixante et dix huit ans, son regne de près de vingt huit ans. Le susdit service fut annoncé la veille par le son des cloches, pendant près de trois heures, il fut élevé un catafalque tout illuminé, le choeur et l’église furent tendus en noir, ornés des armoiries du susdit evêque et de tête de mort : il y asista trente prêtres, curés et vicaires de la conference, la messe solennelle fut celebrée par Monsieur GAZON curé de Saint Aubin de Luigné ; son éloge funèbre fut prononcé par Monsieur LEMASSON prêtre vicaire de Rochefort : il prit pour texte, Delectus deo fuerat et hominibus, qui etoit le vrai caractere du Saint Pontiffe ; le public et les estrangers lui applaudirent, et aux prêtres assistants, en notre presence. P. E. Guerin, curé de Saint Maurille de Chalonnes.

(Notes – Delectus deo fuerat et hominibus , « avait été choisi par Dieu et les hommes » – Applaudir à quelqu’un (rare),  approuver quelqu’un.)

Mgr Jean de Vaugiraud (1680-1758)
Mgr Jean de Vaugiraud (1680-1758), né à Longué, évêque d’Angers de 1730 à 1758 (Source – AD49-Collection iconographique)

6 réflexions sur “Le (faux) baptême de Jean de VAUGIRAULT, évêque d’Angers (1680-1758)

  1. Bravo mais il était né en 1680… J’en avais entendu parler mais je ne pensais pas qu’il fut de Longué et qu’il avait un rapport avec les communes des Mauges que vous avez citées qui me sont familières et où ont vécu pas mal de mes aïeux. A priori en Anjou, il avait marqué son temps et même au-delà sans doute parce qu’il est mort à 78 ans.

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  2. Né près de cent ans après son baptême et une vingtaine d’années après son décès, il est trop fort ce Jean de Vaugiraud 😉 (je rencontre moi aussi parfois dans mes textes le souci des années qui décident de changer de siècle^^).
    Particulière, la cérémonie… Je ne pensais pas que cela allait jusqu’aux crânes…

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  3. « il prit pour texte, Delectus deo fuerat et hominibus, qui étoit le vrai caractère du Saint Pontiffe ».
    Mes connaissances en latin sont nulles… mais il me semblerait que l’on fasse ici appel au texte liturgique lu et commenté lors de l’office. La traduction m’interpellait. Je pense qu’il s’agit du texte suivant :
    « Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort » – 1 Co 1,27 – (1e épitre aux Corinthiens, chapitre 1, verset 27)
    Vous pouvez consulter les versets précédents et suivants 1 Co 1, 25-31 (traduction Bible de Jérusalem)
    Ce n’est que mon point de vue… mais cela me semble correspondre au contexte et… au texte rédigé par le curé.

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  4. Je n’ai pas non plus assez de connaissances ni latines ni théologiques pour en juger… Sans doute cela fait-il effectivement référence à un texte bien connu (à l’époque) et sans doute avez-vous raison. (En tout cas merci, j’ai cherché ma Bible de Jérusalem dans toute la maison et vous m’avez donné l’occasion de la retrouver. Il m’a fallu aussi un peu la dépoussiérer…)
    Amicalement

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