Célestin Port, Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, 1878
Fougeré, canton et arrondissement de Baugé (19 km) ; – à 41 km d’Angers. – Fulgeriacus 1081-1105 (Cart. St-Aubin, f.98), 1104-1114 (2è Cart. St-Serge, p. 274). – Fulgere 1185-1195 (H.-D. B m2, f. 15) – Fougere 1180 circa (Arch. de la Sarthe n° 547), 1248 (G 440). – La paroisse de Fougeré 1261 (Font. Pr. des Loges). – Dans un vallon (36 mètres), bordé de hautes côtes, qui vont s’accroissant vers Sud et Sud-Est (66-94 mètres). – Entre le département de la Sarthe au Nord, Saint-Quentin (3 km) et Clefs (6 km) à l’Est, Montigné (4 km et demi) à l’Ouest et Cheviré (5 km) au Sud.
Le chemin de grande communication de Corné à la Flèche traverse par le centre, du Sud-Ouest au Nord-Est, le territoire et le bourg, ralliant tout avant l’entrée, sur la gauche, vers Sud, le chemin d’intérêt commun de Lézigné, – au centre même, sur la droite du bourg, vers Sud-Est, le chemin d’intérêt commun de Baugé, et tout au sortir, croisé par le chemin d’intérêt commun de Meaulne à Durtal.
Y passent les ruisseaux du Verdun, qui forme en partie limite vers Nord-Est, et de la Fontaine-du-Grez ; – y naissent les ruisseaux de Follet, de l’Étang, qui forme en partie limite vers l’Est, et de Venelles.
En dépendent les villages et hameaux de la Croultière (11 maisons, 27 habitants), des Herrières (10 maisons, 30 habitants), du Petit-Chanteloup (7 maisons, 12 habitants), des Trappes (7 maisons, 18 habitants), des Souchetières (7 maisons, 18 habitants), des Plantes (5 maisons, 13 habitants), des Vieillières (5 maisons, 15 habitants), des Giraudières (5 maisons, 15 habitations), des Verglacières (5 maisons, 15 habitants), de la Morellerie (3 maisons, 12 habitants), de la Lande-Dalibon (6 maisons, 17 habitants), de Barrier (5 maisons, 17 habitants), des Barillerais (8 maisons, 20 habitants), du Sauloup (5 maisons, 12 habitants), de la Bouffetière (5 maisons, 13 habitants), de la Bénardière (4 maisons, 9 habitants), de la Peurière (5 maisons, 17 habitants), des Renaudinières (5 maisons, 22 habitants), le château de Gatines et 43 fermes ou écarts.
Superficie : 2418 hectares, dont 213 hectares en vignes et 196 hectares en bois.
Population : 234 feux, 1055 habitants en 1720-1726. – 1540 habitants en 1790. – 1593 habitants en 1831. – 1569 habitants en 1841. – 1513 habitants en 1851. – 1432 habitants en 1861. – 1433 habitants en 1866. – 1387 habitants en 1871, dont 350 au bourg (99 maisons, 129 ménages), – en décroissance rapide et constante malgré la profonde transformation du pays.
Bureau de poste et Perception de Clefs.
Assemblées le 1er juin et le 2 août, cette dernière tenue jusque vers 1865 aux Quatre-Chemins, dans les landes, vers Bazouges et Les Rairies et depuis lors transférée au bourg.
Mairie avec Ecole de garçons, construite en 1836-1837 par adjudication du 1er mai 1836. – Ecole de filles (Sœurs de St-Charles), installée dans une maison acquise le 24 août 1862.
L’Eglise, dédiée à St Etienne (succursale, 30 septembre 1807), est un vaste et intéressant monument en pleine transformation. Le portail a été avancé d’une travée avec tribune intérieure, et reconstruit en style XIIIè siècle, le pignon percé d’une rose (1869). Sur l’emplacement a été rencontré une sépulture contenant une lame d’épée en trois tronçons (0m35) de cuivre et que l’on croit gauloise. La nef (15m60 sur 10m35), en appareil régulier de moyens tuffeaux, comprend cinq travées encadrées de contreforts plats, avec baies romanes à claveaux réguliers, sans moulures ni supports (XIIe s.), qu’on transforme en larges fenêtres ogivales. Deux belles portes romanes apparaissent emmurées à la cinquième travée vers Nord et à la deuxième vers Sud. A l’intérieur la voûte, lambrissée en carène de navire (XVe s.), se divise de chaque côté en 40 compartiments, qui se confondent deux par deux à leur retombée pour former un cadre, où est peinte, avec des anges ailés portant des instruments de la Passion, la représentation d’un Saint, dans le même style qu’à Miré et à Fontaine-Guérin (XVIe s.), notamment St Louis, Ste Catherine, St Christophe, Les Évangélistes, St Nicolas, Ste Marguerite, St Martin, St Denis, St Hubert, St André, St Pierre, St Paul, Ste Anne, St Etienne, St François, etc. L’artiste, chargé en ce moment de la restauration, M. Grandin, de Tours, sous la direction de l’architecte l’abbé Brisacier, y a représenté l’évêque d’Angers et l’archevêque de Cambrai sous les traits de leurs patrons. Le même artiste signe, avec la date 1871, la Passion, peinte sur le plein supérieur de l’arc ogival à double archivolte en retrait, qui ouvre sur le chœur. Aux deux montants s’appuient les autels, à gauche, de la Vierge, à droite, de St Sébastien ; tout près, au fond, un ancien bénitier de pierre est encadré dans le mur sur une grosse colonne ronde. – Le chœur (11m,60 sur 6), sans transept, est voûté en pierre, comprend quatre travées (XIIIe s.), plus basses que celles de la nef, dont les trois premières portent à la clé l’Agneau Pascal, le Christ bénissant, Dieu le père, les arcs retombant sur des colonnes tronquées avec têtes sculptées en cul-de-lampe mais de façon moderne (1857) ; le fond plat, surmonté d’un pignon, dont les assises montent en échelon, et percé de deux hautes baies ogivales, avec vitraux de Fialeix (1857), représentant St Pierre et St Paul. – L’autel a été transféré dès 1837 sous la première travée, laissant son ancienne décoration en triptyque, avec colonnes et corbeille de pommes au couronnement, accolée à un mur transversal qui transforme la quatrième travée en sacristie. Au fond, peint sur toile, figure un indigne Martyre de St Etienne ; – à droite, une remarquable Madeleine au désert (XVIIe s.), les cheveux épars, les mains croisées, radieuse de santé, oeuvre d’un maître ; – à gauche, une jolie Annonciation (XVIIe s.) ; – dans un recoin, le portrait de Mme de Chantal. – A la quatrième travée de la nef vers Sud, attient le clocher carré, flanqué aux angles de hauts contreforts et percé au second ordre, sur chaque face, d’une double fenêtre ogivale sans moulure. Au pied s’appuyait un tombeau d’autel, sous un ballet ou long porche, moitié bois et pierre, qui se prolongeait jusqu’au portail et dont il ne reste plus qu’un débris.
Aucune trace antique n’est signalée sur le territoire, bien qu’il fût traversé sans aucune doute tout au moins par la voie montant de Broc à Durtal. La fondation même de la paroisse est ignorée, quoique la construction de l’église en affirme et l’antiquité (XIIe s.) et l’importance. L’édifice actuel fut consacré, après restauration nouvelle , le 21 octobre 1564, date qui donne sans doute celle des peintures. C’est par confusion que certains livres en font, d’après Pocquet de Livonnière Mss. 648, un prieuré-cure de Toussaint d’Angers. L’église, jusqu’à la fin du XVIe s., formait deux bénéfices distincts, possédés par deux curés, à la présentation tous deux du seigneur laïc, à la collation de l’évêque.
Curés : Jean Binel, à qui succède Jean de Coesmes en 1497. – Robert Bayn, 1498. – Adam Braham, 1499. – Jacques Delaborde, 1500. – Jean Lemaçon, 1525, « rector alterius porcionis ecclesie parochialis« , qui permute en 1527 contre la cure de Gené. – Pierre Motereul, 1527. – Jean Sigonneau, 15552. – Jacques Lahureau, qui se marie en 1554. – Marin Fresnay, 1555. René Breslay, 1587. – Charles Crespin, 1588. – et tout en même temps Callais Bellespaules, 1573-1590. Ce fut lui, sans doute, qui réunit les deux cures, car il n’en est pas fait mention distincte aux registres qui parlent de son règne. – Crespin, 1593, « l’année où les loups dévoraient les enfants ». – Michel Huchet, 1598. La peste ravage la paroisse en 1604, et de la Pentecôte au 11 août emporte 20 personnes. – Michel Briant, 1650. – Olivier Estourneau, 1652, février 1656. – Michel Briant, qui revient en charge le 24 mars 1656 jusqu’au 20 août 1662. – Jean Héricot, aumônier du comte de Soissons, qui prit possession « des cures » le 1er mars 1663, inhumé le 15 octobre 1716. – Claude-Dominique Bineteau, mars 1717, mars 1719. – Sébastien-René Cureau, mars 1719, inhumé le 18 mai 1757, âgé de 75 ans. Il avait fait poser à ses frais, en 1738, les fonts en marbre. – Urbain Tandon, juillet 1757, qui signe à partir de mai 1786, ancien curé. – Louis Vaidis, mai 1786, jusqu’en 1793, et comme officier public en 1794.
La terre, qu’on voit au XVIIe s. titrée de baronnie, donnait jusqu’au XIIIe s. son nom à ses seigneurs. Elle appartient en 1385 à Pierre, comte d’Alençon et du Perche, et à partir du XVe s., à la famille de Coesme. – En est sieur François de Bourbon, mari de Jeanne de Coesme en 1588 ; – Jean-François d’Avoines, gentilhomme ordinaire de la chambre 1687, veuf le 14 juillet 1662 de Françoise Gourreau, et après lui les seigneurs de Gatines ; – en 1789 le marquis de Maillé la Tourlandry, résidant d’ordinaire à Jalesnes.
La paroisse dépendait de l’Archiprêtré du Lude, de l’Election et du District de Baugé.
Maires : René Coureau, an III. – Urbain-Laurent Desvignes, agent municipal. – François Louis Lesayeux, 1er messidor an VIII, installé le 20 thermidor. – Ch.-Ed.-Jean-Marie Kirchmann fils, 15 juillet 1816, démissionnaire le 3 décembre 1822. – Joseph Besnard, 23 avril 1823, installé le 16 mai. – Roncé, 2 septembre 1830. – Pierre Griffaton, janvier 1835. – Michel Blot, installé le 6 septembre 1840. – Pierre Martin, installé le 1er avril 1851. – Lemoine, 1855. – P. Martin, 1865. – Bouvier, 1870, en fonctions, 1875.