Au milieu de mes recherches, je ne sais plus d’ailleurs exactement pour quelle raison, je me suis retrouvée par hasard sur les registres de la paroisse de Fontevraud. Bien m’en a pris !
Une main anonyme – sans doute un curé – a parsemé les actes de baptêmes ou de sépultures de nombre de ses paroissiens, qu’il connaissait à l’évidence très bien, de notations aussi diverses que variées, allant de la plus simple, telle que « Copie délivrée le… » à la description parfois très détaillée de leur vie. Bien que je n’ai pas d’ancêtres directs à Fontevraud, je n’ai pu m’empêcher de parcourir ces pages, par ailleurs souvent très belles.
Voici un petit aperçu de ce que j’ai pu découvrir.
Un curé « indigne » !

De merveilleux actes en latin.

Des notations remarquables
Imaginons. Vous êtes un descendant de Marie VIAU, fille de Jean VIAU et de Marie PEIGNÉ et vous trouvez son acte de baptême.
Alors vous apprenez non seulement qu’elle a été baptisée le 30 décembre 1662, mais vous découvrez aussi sa biographie : « Marie VIAU a épousé Me Jacques BREBAN le 7 juillet 1690, est restée veuve depuis 1704 jusqu’au 4 mars 1744 qu’elle est décédée après une parlaisie de 14 à 15 ans. »

Certaines mentions ressemblent aux notes de recherches d’un … généalogiste !

Il est décédé le 17ème Septembre 1674.
Pierre Aurèle, baptisé le 17 mars 1666, est donc mort enfant, à l’âge de 8 ans…

Germaine Rimbaud, elle est vivante, veuve de Pierre Le CONTE, le 26 novembre 1741, décédée sur la fin de novembre 1749…
Ici, le nom de la morte est omis. Heureusement une note nous permet de combler le vide!

Il y a lieu de penser qu’elle se nommoit Charlotte THOREAU, voirl ‘acte de baptême du 16 mars 1649.
Voici une bien curieuse notation, en marge du décès de Renée ROBERT.

Extrait tiré pour Jacques MOSÉ, le 24 may 1675 et pour un curé qui demeure à Mesiere sur le chemin de Guaisne le 7 juin 1675.
Et je termine par cette très jolie remarque que j’adore ! Le curé ayant confondu deux mois, en marge, notre main anonyme, redresseuse de torts, a écrit : « Et il arrive septembre pour octobre.« !!!

Vignette – Jacquemart et Bénard (Manufacture). Papier à motif répétitif à deux chemins, en quinconce, de dense bois de lilas en fleur dit « en charmille ». Paris, 1799. (GallicaBnF)
Une main anonyme comme on aimerait en croiser plus souvent 😊
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De quoi faire rêver tous les généalogistes !
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Quel bonheur ces mentions marginales !
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Une bien belle écriture que l’on aimerait lire plus souvent.
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Magnifiquement intéressant !
Il me semble que ce n’est pas la même écriture en marge, j’ai l’impression que c’est un autre curé qui aurait repris les registres quelques années plus tard… Peut-être ?
Le père Michel Cosnier appréciait les monogrammes : IHS, assez courant, abréviation du nom de « Jésus » en grec, le monogramme marial, plus rare, avec le A au centre du M, pour Ave Maria. Mais que signifie le troisième : ISP (pour la lettre grecque Phi) ? De même, que signifie le monogramme qui suit sa signature, avec les quatre M entourant la croix, avec un S au centre : M pour Michel, M pour Marie… et les deux autres ?
J’aime bien ces énigmes !
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Oui c’est obligatoirement un curé – ou une autre personne- plus récente car les écarts de dates sont très importants (une centaine d’années parfois…)
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Pour le monogramme, je ne sais pas du tout, mais il est très joli !
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Au sujet de « l’indigne curé », ou du « serviteur indigne » :
il s’agit d’une notion théologique qui fait référence à l’Evangile, Matthieu, ch.8, v.8 : « Le centurion répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. » Cette phrase est récité par les pratiquants avant de recevoir la communion, à la messe.
Traduction théologique : La plus grande tentation humaine, c’est la tentation de la toute-puissance ; autrement dit, c’est l’illusion que l’on pourrait être comme Dieu, devenir sans limites. Donc, ne pas être digne de recevoir le Christ, donc être serviteur indigne, c’est reconnaître ses limites. C’est comprendre que l’on est aimé tel quel, avec toutes ses limites. Cette formule redonne toute la dignité humaine !
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Merci Rose pour ces éclaircissements !
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les « sigles » en tête de ce document signifieraient donc Jésus pour le 1er, Marie pour le second , et peut-être Joseph pour le 3ème . Ma grand’ mère élevée dans une institution catholique indiquait toujours en début de ses cahiers : Jésus Marie Joseph ou JMJ sigle que j’ai retrouvé sur le fronton d’une maison ancienne de la famille en limousin et dont les descendants occupants ne connaissaient pas la signification (avec de plus quelques lettres :PPNQARV) début d’une prière apprise de cette même grand’mère…
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Merci pour toutes ces précisions ! Je n’en étais pas sûre du tout…
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D’accord avec ma presque homonyme Rose… Virgule. D’accord aussi avec « Leger » : dans mon enfance, à l’Immaculée Conception d’Angers, les cahiers débutaient tous dans la marge par JMJ. Les lettres que vous indiquez ensuite ne signifieraient-elles pas « priez pour nous que votre rêgne arrive » comme dans le Notre Père ?
Merci de tout ce beau challenge en tous cas.
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