[J-9]
Des hibernois en Anjou
Pellouailles, 10 septembre 1693
Le 10 septembre 1693 fut inhumé à Pellouailles, Daniel CROLY, hibernois de nation. Ainsi nommait-on autrefois une personne d’origine irlandaise. L’Irlande elle-même était d’ailleurs parfois appelée « le pays d’Hibernie« .

Le dixiesme jour de septembre 1693 a esté inhumé par moy prestre soussigné dans le cimetiere de ce lieu le corps de noble homme David CROULY hibernois de nation, aagé de cinquante ans ou environ, decedé d’hier ches honorable femme Michelle GILBERT hostesse dans ce bourg, veufve de Pierre LETTRYE notaire royal, presents Maistre Edmond LORCAN prestre habitué à Angers, paroisse de Saint Michel du Tertre et Denys MACARTHY et Danyel MACARTHY parens et amys dudit defunt, hibernois de nation.
Edmond Lorcan, qui signe au bas de l’acte, ajoute auprès de sa signature, « prestre irlandois« .
Il semble qu’il y ait eu un assez grand nombre de soldats et de réfugiés hibernois en Anjou, en particulier aux alentours des années 1690. Dans un article intitulé « Des soldats « hibernois » à Angers« , Pierre-Louis Coudray étudie leur présence en fonction de relevés effectués, pour une grande part, à partir du registre de l’Hôtel-Dieu Saint-Jean-L’Évangéliste d’Angers.
Je cite :
L’année 1690 fut marquée par la présence de pas moins de 105 soldats sur le registre de l’Hôtel-Dieu Saint-Jean-l’Évangéliste d’Angers, la majorité d’entre eux s’étant inscrits fin mai et durant le mois de juin. […]. 1692, quant à elle, révèle aussi un pic de présence des soldats lors du mois de mars tandis que les familles se font plus visibles, mais les chiffres sont nettement moins impressionnants que deux ans plus tôt. […] Le printemps 1690 correspond de fait à l’arrivée des premières troupes irlandaises au service de la France depuis celles des années 1670, tandis que le printemps 1692 coïncide avec l’arrivée en masse des réfugiés militaires d’Irlande, tant civils que soldats, venus servir Jacques II sur le continent.
[A noter que le nom de deux civils sont cités parmi les malades de l’Hôtel-Dieu en 1690, un dénommé Derbis Hely, serviteur d’un capitaine Haquet fin août, et le jeune Denys Makarty (sic) « escolier Irlandois » de dix-neuf ans (un étudiant ?) quelques jours plus tard.]
Angers, Saint-Maurille, 25 janvier 1701
Quelques années plus tard, à Angers, c’est un capitaine hibernois qui se marie.

Le vingt cinquiesme jour de janvier mil sept cent un ont contracté mariage et receu de nous vicaire soubzsigné la benediction nuptiale n.h. Hedmon BRODER cy devant capitaine hibernois, fils d’h.h. Henry BRODER vivant aussi capitaine hibernois et de defunte Rose QUENOUIN, et h.f. Marie HOYRIN vefve Hugues MAGDANELE vivant officier de guerre, tous deux de cette paroisse, apres une publication de bans dans cette esglise et veü la dispense des deux autres de Monseigneur l’Eveque d’Angers en datte du vingt et deux et veü l’insinuation et controlle des dits bans, et ce en presence d’Hedmon GUERALDE cousin de l’espoux, hibernois et Nicolas VIOT qui a declaré ne scavoir signer et plusieurs autres soussignés.
Liens
- Pierre-Louis Coudray, « Des soldats « hibernois » à Angers : un exemple de la présence militaire irlandaise en France aux XVIIe et XVIIIe siècles », Revue historique des armées [En ligne], 253 | 2008, mis en ligne le 12 novembre 2008, consulté le 04 décembre 2015. URL : http://rha.revues.org/4303. [Lire en ligne]
J’ignorais le nom « hibernois », par contre il me semble me souvenir avoir rencontré des Irlandais en 44 dans ces mêmes moments (La Rouxière je crois donc tout près de l’Anjou). Je rechercherai.
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La Rouxière (44) – Le quatrième jour de janvier 1695 a été par nous soussigné inhumé au cimetière le corps d’un soldat Irlandais qui estait resté malade dans une maison inhabitée au village de la Duberie où il est mort du jour d’hier, âgé de 18 à 20 ans dont on n’a pu scavoir le nom. Ont assisté au convoy Jacques Legendre artisan et Augustin Danard aussy artisan du village de la Duberie qui ont dit ne scavoir signer. – P. Belot
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Il me semble que le mot « escolier » peut signifier effectivement un étudiant mais surtout en théologie, donc destiné à devenir prêtre sans doute.
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J’apprécie ce que vous faites et merci pour le partage ! Je ne sais pas comment vous procédez pour trouver tous ces documents, mais moi, à votre place, je n’aurais jamais réussi.
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Merci beaucoup ! Je crois que surtout j’adore lire les vieux registres…
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Moi aussi, mais j’ai débuté la généalogie à 12 ans… et il faut avoir aussi beaucoup de mémoire même si on note beaucoup… et avoir pris quelques cours de paléographie ! Il n’est jamais trop tard pour commencer ! Devinez mon âge !!!
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Très légèrement supérieur au mien…
Qui ?, ou quoi ? a déclenché cette passion des archives à 12 ans ?
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Pour Mag : En 5ème, dans mon pensionnat, « Chère Soeur Marie-Gabrielle » nous a demandé d’interroger nos parents concernant leurs souvenirs familiaux, durant les vacances de Noël. Ma mère, 5ème de neuf enfants , ne se souvenait que de sa grand-mère paternelle Marie Fillon dcd au moment des inondations de 1910 et de ses courtes vacances chez elle à Montjean-sur-Loire. Elle a toujours vécu dans l’avenir ! Elle avait vécu aussi avec son grand-père maternel, Antoine Frédéric Duraud dcd un jour de Noël. Mais elle savait que ses parents étaient cousins germains. Côté paternel, mon père savait que son grand-père (direct) avait six ans à la mort de son propre grand-père… J’avais 43 ans de différence avec mes parents, lui 48 ans avec son père… Nous n’étions pas loin de la Révolution d’après nos calculs approximatifs et avec seulement deux « témoins » donc on est arrivé à 1785. J’ai donc fait un cahier coupé à deux-tiers, interrogé, dessiné etc… Lorsque mon deuxième fils, au même âge, fut sollicité par deux profs (français et histoire) à quinze jours de différence, on s’est remis aux recherches et cette fois avec Jean-Luc Pasquier (auteur du blog 6bisruedemessine)… Les Duraud étaient de Châtellerault et une partie de leurs descendants y habitaient… Nous avions beaucoup d’ancêtres dans les Mauges, donc participation à la Guerre de Vendée d’un bord et de l’autre etc…On a même fondé une association qui perdura plus de 20 ans, avec un petit journal a-périodique. Et tout ceci fait que, désormais, on est rendu à répondre à des blogs tout en restant Angevins et fiers de l’être…. Mon autre passion, sans doute l’avez-vous notée, par l’intermédiaire de certains commentaires, c’est aussi le Québec !
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Un bien beau souvenir pour une longue passion… Désormais les blogs ont remplacé les petits journaux…
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-Merci Rose.
-Un merveilleux dérivatif que la recherche de nos lointains aïeux.
-Ces voyages dans le temps nous cultivent et nous font rêver parfois…
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