Des jumeaux…éloignés !

Des jumeaux nés à huit jours d’intervalle !

J’ai trouvé sur les registres de Marcé, les actes de baptêmes de deux enfants jumeaux nés à  huit jours d’intervalle. Voici la transcription du premier acte de baptême. Il s’agit d’une fille, Jacquine, baptisée le 8 janvier 1635  :

Jumeaux éloignés
Marcé BMS 1623-1668 – vue 65/336 (AD49 en ligne)

« Le huictiesme jour de janvier l’an mil six cent trante et cinq a esté par moy prestre soubsigné baptizé sur les fonts de la susdite églize Jacquinne fille de Hardouin RAVENEAU et de Noëlle ROUY ses père et mère, fut parain Imbert ROUY, marraine Marie GUILLOU, ledit jour et an que dessus. »

Le second enfant est un garçon, Michel, baptisé le 16 janvier 1635.

Jumeaux éloignés -2
Marcé BMS 1623-1668 – vue 65/336 (AD49 en ligne)

 « Le seiziesme jour de janvier l’an mil six cent trente et cinq a esté baptizé Michel filz de Hardouin RAVENEAU et de Nouelle ROUY ses père et mère, a esté parain Michel DUVAL, maraine Renée DAVY tous de cette paroisse de Marcé, fait audit jour et an que dessus par moy prestre soubz signé. »

J’ai d’abord cru à une erreur de date, de nom ou de lecture, aucune mention particulière n’ayant été noté par le prêtre, qui a consigné ces actes de baptêmes sur la même page de son registre.

Cependant, suite à quelques recherches, j’ai trouvé que le fait, bien que relativement rare, est possible lorsque, bien sûr, il s’agit de jumeaux  dizygotes (ou « faux » jumeaux), ce qui est le cas ici, puisque les deux enfants n’ont pas le même sexe.

Par ailleurs, le cas est mentionné par plusieurs généalogistes,  en particulier dans les articles suivants :

Acte pas banal : jumelles nées à quinze jours d’écart, sur le blog Entre nous et nos ancêtres.

Des jumeaux nés à deux jours d’intervalle, sur le blog Scribavita.

– Des Jumeaux, mais... sur le blog Canopée.

J’ignore ce que sont devenus ces enfants.  Leur mère, Noêlle ROUY, nièce et cousine respectivement de mes aïeules, Catherine BEAUMONT et Françoise ROUY,  déjà mère d’un garçon, donnera naissance par la suite à plusieurs autres enfants. Elle décédera en 1645 à Marcé.


Sources, Notes et Liens

Illustration  – Gravure de Charles AUDRAN,  in François MAURICEAU, Traité des maladies des femmes grosses et de celles qui sont nouvellement accouchées, Paris, 1675.  (source Gallica )

Note – Dans l’ouvrage ci-dessus mentionné, François MAURICEAU  (Chapitre X – De la superfétation) expose son avis quant à la conception de ce que nous appelons de nos jours « faux jumeaux » et qu’on appelait « superfétation » :

« La superfetation n’est autre chose qu’une conception réitérée, qui se fait lorsque la femme qui est déjà grosse vient à concevoir pour une seconde fois : mais il y a beaucoup de contestation, pour sçavoir si la femme qui accouche de deux enfans, ou d’un plus grand nombre, les a tous faicts d’un mesme coït, ou de plusieurs, Seneque  met la chose au rang de celles qui sont les plus difficilies à connoître, ausssi bien que le flux et reflux de la Mer Oceane. »

Après avoir expliqué que la superfétation est très difficile, puisque, une fois la femme fécondée, sa matrice se ferme aussitôt de manière hermétique,  rendant donc une seconde fécondation impossible, il ajoute malgré tout qu’il peut y avoir des exceptions, que cette matrice peut s’ouvrir en de rares circonstances, notamment si le désir de coït est très fort chez la femme et il cite des exemples de superfétation donnés par Pline.

« Pline rapporte l’histoire d’une servante ayant exercé le coït en un mesme jour avec deux différentes personnes, qui fit deux enfans, l’un ressemblant à son Maître et l’autre à son Procureur, comme aussi de cette autre femme qui en eut encore deux, l’un semblable à son mari et l’autre à son ruffien, faisant encore mention en ce mesme lieu, d’une femme qui après avoir accouchée à terme, en rendit un autre au bout de deux mois, et d’une autre, qui ayant vuidé au septieme mois un enfant mort accoucha outre cela de deux jumeaux, deux mois ensuite de ce premier »

L’auteur cependant, ne veut pas croire pas à la superfétation. Sans la nier totalement, il affirme que c’est une chose extrêmement rare à la différence des jumeaux (que nous appelons, nous, vrais jumeaux), qui eux sont « naturels » et issus du même coït. La conclusion ne se fait pas attendre : pas de coït pour les femmes enceintes, ainsi on évitera tous les problèmes ! Je cite :

«  Pour conclusion de ce Chapitre, je diray qu’il est toujours au pouvoir de la femme d’éviter la superfétation si elle s’abstient de coït durant les premiers mois après qu’elle aura conçu, mais il n’est est pas de mesme de la génération des jumeaux, car cela ne dépend d’elle en aucune façon. »

Les enfants nés à plusieurs jours d’intervalle n’étaient donc pas considérés comme des jumeaux à part entière…

14 réflexions sur “Des jumeaux…éloignés !

    1. J’imagine aussi la stupeur, l’étonnement, et peut-être même la terreur de cette jeune mère. Comprenait-elle ce qui lui arrivait ? Y avait-il des matrones, au courant de ce phénomène, susceptibles de la rassurer ?
      A ce sujet, j’ai ajouté une note au bas de mon article qui précise les connaissances (on pourrait dire « croyances ») de l’époque en la matière : c’est assez édifiant !

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  1. Ils ont été baptisés à des dates différentes, mais rien ne dit qu’ils ne sont pas nés tous 2 le même jour !
    J’ai une ancêtre qui a eu 2 fils nés en 1783 à 3 jours d’intervalle.
    Le curé indique les dates de naissance et de baptême. Les dates sont vérifiables dans les registres militaires et dans les actes de mariage de mon ancêtre et de son frère. Les heures de naissances ne sont pas précisées. Si la mère a accouché du 1er tard le soir du 1er jour et du 2e tôt le matin du 3e jour, c’est seulement un accouchement qui a duré plus de 24 heures.
    J’ai trouvé, dans le même village, un autre cas de jumeaux ayant un plus grand écart de naissance.
    Mon mari a connu à l’école primaire un garçon et une fille frère et soeur jumeaux nés à 3 semaines d’écart.

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  2. Et voilà…Un cas de plus . Cantal 1747. Deux frères nés le 20 et le 23 mai . Mêmes parents mais parrains/marraines différents . Effectivement, aucune mention du prêtre concernant une gemellité. Je suppose que la surprise devait être à la hauteur de l’événement dans les hameaux de l’époque ….
    D’abord perplexe, j’ai été voir ce qu’on pouvait trouver sur le sujet et suis ravie d’être arrivée ici. Merci pour la référence médicale (François Mauriceau ) . Je note le lien et je reviendrai volontiers faire un tour à l’occasion.

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